dimanche 1 juin 2014

Ostéopathie et équitation: interview de Marion Jannin

Afin de mieux savoir en quoi l'ostéopathie peut nous être utile à nous, cavaliers, j'ai interviewé Marion Jannin, ostéopathe depuis 4 ans.

-Marion, est-ce que tu pourrais tout d'abord te présenter en tant qu'ostéopathe mais aussi en tant que cavalière?

-Je suis diplômée de l'Institut Supérieure d'Ostéopathie de Lille qui est une école en 5 ans depuis 2010. Je suis ostéopathe exclusive. J'ai d'abord pratiquée en tant qu'assistante pendant 2 ans puis je me suis installée dans un cabinet pluridisciplinaire sur Wambrechies (à côté de Lille) (3 médecins généralistes, une podologue et deux infirmiers).





Pour ce qui est de ma pratique cavalière, je monte depuis le plus jeune âge ( 5 ans ). Je possède le galop 7. J'ai bien sur commencé comme beaucoup en club , pour ensuite avoir une demi pension et une fois diplômée, j'ai eu mon premier cheval. Depuis deux ans je possède Chocolatino, un pur sang de 8 ans.


Marion et Chocolatino


-A quoi sert l'ostéopathie?

-L’ostéopathie consiste, dans une compréhension globale du patient, à prévenir, diagnostiquer et traiter manuellement les dysfonctionnements de la mobilité des tissus du corps humain susceptibles d’en altérer l’état de santé.




Il s’agit alors de remettre en mouvement les structures du corps (os, articulations, ligaments, muscles, tendons, viscères…), de libérer la circulation sanguine et lymphatique, et de favoriser les échanges métaboliques et l’interrelation des différentes parties de votre corps.



-En quoi l'ostéopathie est-elle bénéfique pour les cavaliers?

-L'ostéopathie a un rôle prépondérant dans la pratique sportive, notamment dans l'équitation où le corps est soumis à diverses contraintes.
L’ensemble des structures bio-mécaniques est sollicité : articulations, muscles, tendons, ligaments.
Par exemple, le corps du cavalier, dès la préparation de sa monture, va être mis à contribution avec les positions d'hyper flexion du tronc lors du curage des pieds, les mouvements répétitifs du brossage ou encore le port de charge pour seller son cheval. Et ce cheminement se répète lorsque le cavalier desselle sa monture.
Puis les contraintes mécaniques sont aussi importantes lors de la monte, et chaque discipline a ses mouvements et sa mécanique propre. Elle demande donc à chaque cavalier d’utiliser sa musculature et ses articulations dans des paramètres différents. De plus, chaque cheval possède lui même sa locomotion propre avec des dysfonctionnements qui entrainent des adaptations de son centre de gravité,ce qui influe sur le cavalier. Il est donc très intéressant que l'ostéopathe humain travaille en étroite collaboration avec l'ostéopathe équin.
Par ailleurs il y a les contraintes traumatiques des chutes, ou encore des diverses cabrioles que peut faire un cheval. Et n'oublions pas que l'équitation est un sport d'extérieur, le cavalier est donc soumis aux conditions météorologiques et le corps ne travaille pas dans les même conditions en fonction de l'humidité ambiante ou même de la température. 
Le corps du cavalier n'est donc pas ménagé, l'ostéopathie joue donc un rôle dans les points suivants : 
- une action préventive (une visite régulière, une ou deux fois par an par exemple, permet de prévenir plutôt que de guérir) - traiter certains déséquilibres, - effectuer un suivi, - soulager des douleurs, - améliorer les performances ( en ajustant au mieux les différentes structures ; en augmentant l’amplitude des mouvements ; en permettant d’avoir des gestes plus fluides et une meilleure perception de son corps). - préparer à une épreuve


-Y-a-t'il des disciplines équestres qui font plus souffrir le corps que d'autres?

-Je pense qu'on ne peut pas vraiment dire qu'une discipline équestre est plus contraignante qu'une autre. En effet tout dépend de la fréquence, ou encore de la façon dont la discipline est pratiquée pour définir si les traumatismes sont plus importants dans telle ou telle discipline. Il va de soit que le cavalier de loisir qui va partir en ballade une fois par semaine sera moins soumis aux contraintes mécaniques que le cavalier de dressage de haut niveau. Mais par contre, toutes les disciplines équestres vont énormément solliciter les lombaires ainsi que les cervicales du cavalier . Il ne faut également pas oublier que chaque cavalier a son histoire de vie avec ses différents antécédents médicaux qui vont influencer les adaptations du corps du cavalier à proprement parlé.

-A quelle fréquence est-il recommandé d'aller consulter un ostéopathe?

-En règle générale il est conseillé de faire un bilan au moins une fois par an. Dans la vie de cavalier, le corps doit s’adapter à toutes sortes de contraintes et à force les dysfonctionnements s'accumulent, jusqu'au jour où le poids des adaptations devient trop lourd. Et c'est à ce moment là que les divers symptômes apparaissent (maux de dos, vertiges, contracture musculaires ... ) c'est ce qu'on appelle dans le jargon ostéopathique "le phénomène de facilitation", à l'image d'un vase qui se remplit et au final c'est la goutte d'eau qui le fait déborder. 
Bien sûr, plus la pratique de l'équitation est régulière et contraignante au niveau de l’assiduité, plus le corps est mis à mal . Il est bien difficile de donner une règle quant au nombre de séances sur lesquelles il faut tabler. Mais au même titre que vous êtes à l'écoute du corps de votre cheval, soyez attentif au votre afin de savoir quand il a besoin d'un coup de pouce ostéopathique. Mais bien sur il n'est pas question de voir l'ostéopathe tous les mois avec des manipulations à tort et à travers sauf pathologie particulière ou sportif de haut niveau, et dans ce cas c'est à l'ostéopathe d'adapter ses techniques pour qu'elles ne soient pas trop invasives.

-Quelles recommandations donnerais-tu aux cavaliers afin qu'ils évitent de se blesser?

-Le cavalier est le roi dans l'art des choses à ne pas faire pour maltraiter son corps et encore, je trouve que les tendances s'inversent. 
Première chose, comme pour tout sport, un échauffement est nécessaire au bon fonctionnement du corps du cavalier. 
Ensuite il faudrait monter aussi bien du côté gauche que du côté droit, pour le bien-être de nos chevaux aussi d'ailleurs. Il faut aussi penser aux étirements de récupération à la fin de la séance. Et je pense que le meilleur ami du corps du cavalier est de pratiquer un sport complémentaire. Par ailleurs comme dans tous les sports, l'hydratation et une alimentation équilibrée sont nécessaires.

Petit récapitulatif étayé par des exemples : 
- marcher son cheval à pied avant de monter - monter un coup à droite un coup à gauche et si possible au montoir, un bon sportif sait s'économiser. - varier les disciplines permet d'avoir une musculature la plus complète possible - pratiquer un sport complémentaire - s'étirer - bien s'hydrater et bien s'alimenter - faire un bilan ostéopathique par an et ne pas attendre que les douleurs s'accumulent pour réagir - et éviter les chutes ( rire )



-Ta pratique de l'équitation a-t-elle changée depuis que tu es ostéopathe?

-Effectivement, ma pratique de l'ostéopathie a changé ma vision des choses sur l'équitation. Je suis plus attentive et plus sensible aux exercices que je pratique à cheval. Mais comme tous les cordonniers je suis la plus mal chaussée les étirements que je recommande je ne les pratique que trop rarement...

-Y-a-t'il des mouvements simples que le cavalier peut effectuer seul afin de soulager certaines douleurs?

-Oui, il y des gestes simples qui permettent de soulager les douleurs musculaires de l'ordre de courbatures, avec un stretching classique. Je me répète mais une hydratation de qualité est essentielle. 
En hiver, il est bon de ne pas avoir froid car cela augmente les contractures musculaires. 
Lors de la détente du cheval, préférez la suspension à la position assise. Et plus facile à dire qu'à faire mais monter avec souplesse et décontraction.




Merci Marion pour toutes ces informations et à bientôt pour un article sur les étirements pour cavaliers!

 Si vous habitez dans le Nord et que vous êtes à la recherche d'une ostéopathe (qui en plus est cavalière!), voici un lien vers le site de Marion où vous trouverez toutes les informations pour la contacter : ICI


4 commentaires:

  1. C'est vraiment super intéressant... J'ai cru qu'il s'agissait d'une interview d'osthéopathe équin, à la base. On parle beaucoup de ces derniers, mais plus rarement de l'osthéopathie pour le cavalier ! Merci !

    RépondreSupprimer
  2. Pour l'avoir testé très récemment avec une ostéopathe cavalière, ce que tu dis est très vrai ! En me débloquant le bassin (complètement coincé à droite), elle m'a fait le parallèle avec les impacts que cela pouvait avoir sur mon assiette, et la locomotion du cheval (qui était obligé de compenser d'un côté puisque je compensais de l'autre). En tout cas, merci pour cet article !

    RépondreSupprimer
  3. Contente que l'article vous ai plu!!
    Avec Marion, nous sommes en train de travailler sur le suivant :)

    RépondreSupprimer
  4. Superbe article! Merci pour toutes ces infos très intéressantes! Aux écuries où je suis, le responsable avait fait venir deux ostéopathes pour un stage d'initiation... je l'ai malheureusement raté...

    RépondreSupprimer